Pourquoi la dette publique augmente plus vite sous les gouvernements de droite

Author: Unknown

Date: 18/09/2025

Au cours des dernières décennies, dans les pays développés, Etats-Unis et France compris, c'est sous des gouvernements de droite que la dette publique a le plus grimpée.

Qui, de la gauche ou de la droite, aime le plus la dette publique ? La question se pose aujourd'hui tellement les finances publiques sont dégradées dans de nombreux pays développés, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon ou encore la France. L'Amérique de Donald Trump devrait enregistrer un déficit public de 6,5 % du PIB cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI), la France de l'ordre 5,4 % et les Britanniques de 4,4 %.

Le président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Xavier Ragot, apporte une réponse : « La dette publique augmente davantage sous les gouvernements de droite, et ce dans la plupart des pays », montre-t-il dans un texte publié la semaine dernière sur le site Internet de l'institution.

La gauche réduit la dette

C'est en effet ce qu'ont montré trois économistes, Andreas Müller, Kjetil Storesletten, Fabrizio Zilibotti, professeurs dans les universités d'Oslo et de Zurich, dans une étude publiée en 2016. Quand un nouveau gouvernement gauche est nommé, l'alternance politique entraîne une baisse de la dette publique, une hausse des impôts et une augmentation des dépenses publiques. C'est l'inverse quand le nouveau gouvernement est étiqueté à droite. La dette grimpe.

Ce phénomène est confirmé aux Etats-Unis entre 1950 et 2013 : ces quarante dernières années, la dette publique et les déficits ont crû sous les présidences républicaines de Ronald Reagan, George Bush, et celle de son fils George W. Bush, alors qu'ils ont eu tendance à se réduire sous toutes les présidences démocrates, sauf celle de Barack Obama qui a dû gérer la crise de 2008. Sous le premier mandat de Donald Trump, la dette a explosé en raison du Covid.

Et c'est aussi le cas dans les autres pays développés. Dans les pays de l'OCDE, en temps normal, c'est-à-dire hors période de crise, « un virage politique à gauche est associé à une réduction moyenne de la dette publique de 0,54 point de PIB », estiment les auteurs.

En France, le poids de la dette publique rapporté au PIB a reculé sous le gouvernement de « gauche plurielle » de Lionel Jospin, entre fin 1997 et début 2002, puis a repris sa progression sous Jean-Pierre Raffarin pour finir par exploser sous François Fillon en raison de la crise de 2008. François Hollande et ses Premiers ministres ont remis les comptes publics sur le droit chemin - le déficit s'élevait à 3 % du PIB en 2017 - mais n'ont pu réduire la dette. Celle-ci baissera légèrement au cours des premières années du premier mandat d'Emmanuel Macron, lorsque Edouard Philippe était à Matignon. Puis, le Covid, la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont fait voler en éclat les finances publiques.

Baisses d'impôts non financées

Une des raisons pour lesquelles la droite a tendance à augmenter les déficits est liée aux baisses d'impôts, relativement faciles à mettre en place. Avec l'espoir pour certains économistes, dont Milton Friedman, qu'en asséchant les recettes fiscales, la hausse du déficit public pousserait les électeurs à accepter une réduction des dépenses. C'est la stratégie dite « d'affamer la bête » des conservateurs américains, poussée par des think tanks tels que la Heritage Foundation ou le Cato Institute par exemple.

Mais « l'expérience montre que cela ne fonctionne pas. Les élus qui considèrent qu'il est facile de baisser les dépenses publiques surestiment leurs forces », juge Xavier Ragot. « C'est pourquoi désormais, les conservateurs américains entendent baisser les impôts et en même temps les dépenses. D'où la tentative du Doge dirigé par Elon Musk en début d'année. Toutefois, leur volonté de bouleverser l'Etat-providence moderne est tellement radicale que cette expérience s'est soldée par un échec », conclut-il. Une chose est sûre : qu'elles soient de gauche ou de droite, les solutions faciles n'existent pas.

Guillaume de Calignon

Source: https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/pourquoi-la-dette-publique-augmente-plus-vite-sous-les-gouvernements-de-droite-2186785

Tags: notes-diverses politique économie