L'histoire du 1er mai, journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs.
Author: Unknown
Date: 01/05/2025
Le 1er mai c’est la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs et pas la fête du travail ! Et vous savez pourquoi ? Allez, un peu d’histoire !
C’est en 1889, à Paris, que le congrès de naissance de la IIe AIT (Association Internationale des Travailleurs, dit "Internationale"), décide de faire du 1er mai une journée de mobilisation pour l’obtention des 8h, principale revendication du moment.
Alors pourquoi choisir le 1er mai comme date ? En 1886, les syndicats états-uniens avaient lancé le 1er mai une mobilisation en faveur des 8 h. Le 1er mai est aux USA la date du "moving day" quand beaucoup d’entreprises entament leur année comptable, et que les contrats ont leur terme ce jour-là.
À Chicago, la grève pour les 8 h du 1er mai 1886 se prolonge, se durcit et, lors d’une manifestation le 3 mai, une bombe explose suivie d’une bagarre. 7 policiers sont tués.
En répression et pour casser le mouvement ouvrier, 5 syndicalistes sont condamnés à mort… les martyrs de Chicago. Je vous conseille la lecture de cet excellent livre à ce sujet.
Donc pour l’AIT, à partir de 1889, le 1er mai doit être un jour international de manifestations, de protestations. L’AIT encourage à cesser le travail au bout de 8 h. et à déposer, pacifiquement, des pétitions pour les 8 h.
Pour les anarchistes, c’est un peu mou tout ça, des manifs, des pétitions…. Eux appellent à la révolution ! (comme on le voit dans cette magnifique affiche signée des Miséreux révoltés).
Mais le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, en France, la manifestation tourne au drame : La gendarmerie et l'armée tirent sur les ouvriers : neuf morts.
En conséquence, les militants en France épinglent désormais une églantine écarlate, fleur traditionnelle du Nord, en souvenir du sang versé à Fourmies.
Le 1er mai 1906 est l’un des plus massifs en France : la CGT appelle à la grève générale, toute la journée !
Le pouvoir, apeuré, avait transformé Paris en camp retranché, occupé par 60 000 soldats et policiers. Ceux-ci dispersent violemment les manifestants.
En 1919, le pouvoir craignait tellement un premier mai révolutionnaire (on était deux ans après la révolution russe) qu'il préfère désamorcer en proclamant par une loi du 23 avril la journée de huit heures et en faisant du 1er mai une journée chômée (non payée).
Le 1er mai 1919 n’en fut pas moins le plus massif que la France ait connu jusqu’alors.
1er mai 1936, entre les deux tours des législatives, est lui aussi massivement suivi. il donne à voir la force du mouvement ouvrier à la veille de la victoire du Front populaire et annonce les grandes grèves de juin.
Vichy fait du 1er mai la « Fête du vrai travail et de la concorde sociale », fête chômée (mais attention !!! non payée) et au service des valeurs de l’état vichyste...
Pétain rappelait souvent que le 1er mai est aussi la Saint Philippe… il s’agissait pour lui surtout de miner cette fête emblématique du mouvement ouvrier
Et c’est Pétain qui impose le seul muguet à la place de l’églantine prolétarienne.
En avril 1947, le 1er mai est finalement institué jour chômé et payé dans le code du travail, récupération par le mouvement ouvrier de sa date !
mais on garda le muguet… parce que ça se cultive mieux que l’églantine (bon et que de fait, il y avait parfois aussi du muguet avec l'églantine)….
Le 1er mai revendicatif disparaît dans les années 1950 et 1960, les défilés étant interdits lors des guerres d'Indochine et d'Algérie (état d’urgence, tout ça tout ça)
Il faut attendre le 1er mai 1968 pour que la CGT organise une grande manifestation dans les rues de Paris. On était alors à la veille du vaste mouvement social de mai 68…
Si le 1er mai est d’abord une manifestation syndicale (donnant parfois à lire l’unité, à d’autre la division (plus souvent la division, avouons…) Il a toujours aussi mobilisé au delà.
Les organisations d’immigrés et de réfugiés ont été de longue date associés aux 1er mai
Mais aussi les orga lycéennes et étudiantes, ainsi que les association LGBT à partir des années 80. Et les mouvements féministes.
Mais le 1er mai fait aussi l’objet d’une récupération de la part de l'extreme droite. Les ligues d’extrême droite manifestaient le 1er mai dans les années 20 et 30, généralement autour de la statue de Jeanne d’arc près du Louvre à Paris. Et on a vu le rapt vichyste sur la date.
En 1988 Jean-Marie Le Pen entend récupérer la tradition et la journée dans l’entre deux tours des élections. Son défilé de la place des Pyramides à Concorde renoue avec les rituels des ligues, avec un défilé des régions.
Les confédérations syndicales crient au « hold up sur le Premier mai ». Peine perdue. Qd le pitbull tient un os, il ne relâche pas ses crocs. Le 1er mai du FN s’installe…
Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, un marocain est attaqué par des nervis du FN, jeté violemment dans la Seine. Il meurt. Jean-Marie Le Pen qualifie l'évènement d'« accident » et dénonce une manipulation des médias contre son parti.
Sources:
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