Épisodes historiques de xénophobie en France
Author: Unknown
Date: 15/03/2025
Dès la première moitié du XIXe siècle, le monde ouvrier est traversé de conflits entre Français et étrangers : en 1819, 2.500 personnes manifestent à Roubaix contre la présence d’ouvriers belges ; en 1839, 1.200 à 1.500 Parisiens réclament le renvoi des Allemands.
L’historien Laurent Dornel a recensé plus de 300 «incidents» de ce type entre 1819 et 1914 (dont 230 dans les années 1870-1914). Les rixes et les manifestations anti-immigrés sont alors principalement dirigés contre les Italiens.
Avant le massacre d’Aigues Mortes, il faut bien sûr citer le cas des «Vêpres marseillaises». Le 17 juin 1881, les troupes de l’armée française défilent dans les rues de la cité phocéenne pour célébrer le traité du Bardo, instaurant le protectorat de la France en Tunisie. Marseille compte alors environ 58.000 Italiens sur 360.000 habitants (soit plus de 16 % de la population). Or, la Tunisie étant convoitée par l’Italie, des membres du Club national italien de Marseille auraient sifflé l’armée. Une chasse à l’Italien s’ensuit et dure trois jours. Officiellement, un Italien et deux Français sont tués dans les émeutes, mais le nom de «vêpres marseillaises» résonne comme une revanche sur les «vêpres siciliennes», le massacre des Français de Sicile en 1882.
Les Italiens ne sont pas les seuls à subir la xénophobie française. Dans le Nord et le Pas-de-Calais, la belgophobie est particulièrement forte, comme en témoigne les émeutes anti-Belges de Lens et de Liévin d’août 1892. Ce conflit éclate le 14 août 1892, à partir d’une bagarre entre un mineur français et un mineur belge dans un cabaret. La rixe a pour cause la concurrence sur le marché du travail : peu de temps avant, environ 500 Belges du Borinage sont arrivés dans le Pas-de-Calais. Les travailleurs belges sont accusés de tirer les salaires des Français vers le bas et d’être à la solde des houillères. Le 15 août 1892, 1.500 personnes se soulèvent au cri de «À bas les Belges !» Près d’un millier de Borains sont contraints de quitter la France.
Enfin, comment ne pas parler de la question de l’antisémitisme ? Les Juifs immigrés aussi bien que français en ont été victimes, tous vus comme étrangers à la France. Durant la Seconde Guerre mondiale, cet antisémitisme a même pris une dimension génocidaire.
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